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Génération poussière | 8 (on s’oubliait la nuit)

vendredi 14 septembre 2012, par sebmenard

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troisième version

(...) On était cette génération qui s’oubliait — ça arrivait la nuit surtout — on s’envoyait comme ça à la tombée du soleil et dans les herbes jaune jaune — on était dingue on était fou parfois.

On avait nos gueules — rien que nos gueules — et pourtant dans le noir elles parlaient sans cesse nos gueules.

On se réunissait comme ça : l’un d’entre nous allait acheter des liquides et des viandes à griller — puis on mettait tous des thunes — et alors on buvait des liquides on grillait des viandes et on parlait.

On pouvait se griser — filer raquer crier comme ça en une nuit — faire l’amour — et nos corps se réveillaient parfois le matin chancelant tremblant — parfois raides raides parfois flous.

On était prêt à tout — on était cette génération prête à essouffler les bars qui fermaient on était cette génération prête à courir entre les salles de concert — et on s’endormait parfois usé au bord d’une route — dans un champ — sur les sièges usés de nos bagnoles.

On faisait ça parfois : on dormait dans nos bagnoles — et on était bien — et ça sentait la sueur et nos corps — ça sentait nos corps — ça sentait les plastiques de nos carlingues et les colles industrielles et le diesel — ça sentait les gouttes fraîches de la rosée du matin quand on ouvrait les yeux et alors les types droits — ils étaient là pour regarder nos corps sortir nus des carcasses en métal.

Parfois ça nous arrivait — on retrouvait l’un d’entre nous dans le noir — peut-être avait-il trop bu peut-être était-il trop triste — rien n’était sûr — et c’était la nuit — il marchait dans sa nuit voilà c’est ça — il marchait dans sa nuit — on voyait encore la lueur d’une lampe torche sur le bord d’une route et ça nous arrivait — on se perdait et nous même alors on tremblait lorsque enfin nos yeux s’ouvrait — c’était le matin (...)


seconde version

(...) On était cette génération qui s’oubliait la nuit — on pouvait s’envoyer comme ça à la tombée du soleil et des les herbes jaune jaune — on était dingue on était fou parfois.

On avait nos gueules — rien que nos gueules — et pourtant dans le noir elles parlaient sans cesse nos gueules (on se réunissait comme ça — l’un d’entre nous allait acheter des liquides et des viandes à griller — puis on mettait tous des thunes — et on buvait des liquides on grillait des viandes).

On pouvait se griser filer raquer crier comme ça en une nuit — faire l’amour — et nos corps se réveillaient parfois le matin tremblant chancelant — parfois raides raides parfois flous.

On était cette génération prête à tout — on était cette génération prête à essouffler les bars qui fermaient on était cette génération prête à courir d’un concert à l’autre — et on s’endormait parfois usé au bord d’une route — dans un champ — sur les sièges usés de nos bagnoles (on faisait ça parfois — on dormait dans nos bagnoles — et on était bien — et ça sentait la sueur et nos corps — ça sentait nos corps — ça sentait les plastiques de nos carlingues et les colles industrielles et le diesel — ça sentait les gouttes fraîches de la rosée au matin quand on ouvrait les yeux et alors les types ahuris — ils étaient là pour regarder nos corps sortir nus de la carcasse en métal).

Ça nous arrivait parfois — on ramassait l’un d’entre nous — peut-être avait-il trop bu peut-être était-il trop triste — rien n’était sûr et c’était la nuit — il marchait dans sa nuit voilà — on voyait encore la lueur d’une lampe torche sur le bord d’une route et ça nous arrivait — on se perdait et nous même alors on tremblait lorsque enfin nos yeux s’ouvraient — c’était le matin (...)


première version

(...) on était cette génération qui s’oubliait la nuit

on pouvait s’envoyer comme ça à la tombée du soleil et dans les herbes jaune jaune — on était dingue
on était fou parfois

on avait nos gueules et rien que nos gueules — et pourtant dans le noir elles parlaient sans cesse nos gueules (on se réunissait comme ça l’un d’entre nous allait acheter des liquides et des viandes à griller et puis on mettait tous des thunes)

on pouvait se griser filer raquer crier comme ça en une nuit faire l’amour (et nos corps se réveillaient parfois le matin tremblant chancelant parfois raides raides parfois flous)

on était cette génération prête à tout pour un dernier verre on était cette génération prête à essouffler les bars qui fermaient on était cette génération prête à courir d’un concert à l’autre et on s’endormait parfois usé au bord d’une route — dans un champ — sur les sièges usés de nos bagnoles (on faisait ça parfois — on dormait dans nos bagnoles — et on était bien — et ça sentait la sueur et nos corps — ça sentait nos corps — ça sentait les plastiques de nos carlingues et les colles industrielles et le diesel — ça sentait les gouttes fraîches de rosée au matin quand on ouvrait les yeux et alors les types ahuris étaient là pour regarder nos corps sortir nus de la carcasse en métal)

ça nous arrivait de ramasser l’un d’entre nous peut-être avait-il trop bu peut-être était-il trop triste — rien n’était sûr et c’était la nuit — ça nous arrivait on se perdait et nous-même on tremblait lorsque enfin nos yeux s’ouvraient — c’était le matin (...)